Présentation

Alors que la capacité de croyance investie par les premiers spectateurs de cinéma semble être aujourd’hui perdue, le documentaire apparait comme un moyen de douter du monde à nouveau. Le cinéaste Jean-Louis Comolli opère ainsi un passage de la fiction au film documentaire « pour continuer à y croire ». « L’important n’est pas de croire que ce que l’on voit est vrai, mais de commencer à penser que ce n’est peut-être pas vrai », explique le cinéaste dont l’objectif est de « faire découvrir au spectateur des choses qu’il ne soupçonnait pas ». Le cinéma documentaire implique aussi une réflexion sur les rapports complexes existant entre corps et caméra. « Le film documentaire consiste à filmer la façon dont un corps se place par rapport à la machine : […] quand le corps filmé est amateur, il s’opère un processus de séduction envers l’objet filmant, ce à l’insu de la machine ; […] notre narcissisme est tel que nous ne pouvons pas admettre l’idée de nous montrer à quelque chose qui nous est indifférent, c’est pourquoi nous inventons une relation à la caméra. »

Le mercredi 31 mai 2012, la classe d’Option Cinéma-Audiovisuel en CPGE Littéraire au lycée Chateaubriand a eu la chance de recevoir Jean-Louis Comolli pour un cours de cinéma sur le thème du cadre, basé sur l’analyse de trois films de Pedro Costa: « Ossos » (1997), « Dans la chambre de Vanda » (2000) et « En avant jeunesse! » (2006). Plus encore que de nous exposer sa vision du cinéma avec pédagogie et passion, l’expérience proposée pendant ces cinq heures restera pour nous, élèves en Option Cinéma-Audiovisuel, un moment inoubliable de réflexion sur le cinéma. Dans la volonté mutuelle de prolonger ce moment d’échange, nous avons créé ce blog qui se veut porteur d’un regard différent sur « ces films à part qu’on nomme « documentaires » ». Il sera principalement constitué de critiques rédigées par les élèves de l’option avec l’appui et les interventions fréquentes de M. Comolli.

4 réponses à “Présentation

  1. Eh bien cette présentation est très bien. Je vais signaler notre blog au Blog documentaire de Cedric Mal pour qu’il inscrive un lien vers nous. Je me promets de vous faire parvenir assez vite quelques remarques et réflexions. En tout cas, bravo aux créateurs/créatrices du site!

  2. Permettez-moi de dire rapidement ce que je pense depuis longtemps de certains numéros de STRIP PEASE qu’au fil des ans j’aie pu voir. Mon sentiment est qu’on est là dans une logique de mépris à la fois du spectateur à qui on livre sur un plateau des « cas » dont il n’a qu’à jouir sans trembler, bien enfoncé dans son fauteuil. Rien de troublant. Rien de généralisable. Et on méprise en même temps les personnes que l’on filme en faisant miroiter dieu sait quel quart d’heure de célébrité alors que rien n’est fait pour établir et sauver la dignité de chacun. Strip Tease ressemble à l’époque où les petits malins type Deschiens permettent aux gros malins type Deschamps-Maïkoff de se gausser des faibles et donc de caresser les forts dans le sens du poil. Nous sommes là en pleine indignité. L’argument du succès public est évidemment la démonstration de ce qu’Augustin nommait la concupiscence des yeux et qui revient à préférer voir du côté du pire plutôt que du meilleur de l’autre filmé. Nous sommes dans une société du mépris. Il n’y a pas l’épaisseur d’un papier de cigarette entre les travaux familiaux de Fillon et les réjouissances collectives de STRIP TEASE. Il y a un abus de type fasciste quand on se réunit pour se réjouir de la nullité ou de la misère des autres. STRIP TEASE est l’ennemi du documentaire. Se souvenir de l »histoire du doc qui ne laisse guère de place aux abuseurs d’audience. — Jean-Louis Comolli

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